4 janvier 2023

Le sentiment de solitude (1)

sentiment de solitudeNous vivons, actuellement, une période inédite de l’histoire de notre société, où pour des raisons de crise sanitaire, nous sommes réduits au confinement.

Beaucoup de personnes se retrouvent face à une solitude contrainte, brutale, sidérante à laquelle elles n’ont pas été préparées et qui réveille de l’anxiété et du stress.

L’isolement qui en découle est une souffrance.  A cela s’ajoutent parfois la maladie, la peur de la contagion, de la mort.

Cet état de fragilité nous ramène aux origines et au sentiment de détresse ressenti par le nourrisson lorsqu’il a faim, froid ou qu’il a besoin d’être bercé.

De la dépendance vers le face à face avec soi-même

Le bébé à la naissance est dans une dépendance absolue. Il a besoin d’une continuité de soins, de liens, d’attention pour se développer en toute confiance.

Mais la vie, c’est le mouvement qui va, peu à peu, amener ce petit être à explorer, à découvrir ce qui l’entoure et à se détacher de cette dépendance.

Alors, comment peut-on imaginer que ce désir d’autonomie et de liberté puisse être ressenti comme de la solitude et comment peut-elle être vécue comme synonyme de souffrance ?

On peut vivre en solitaire sans souffrir de solitude. A l’inverse, on peut se sentir seul en couple, en famille ou en groupe.

A l’époque du téléphone portable, des réseaux sociaux, des écrans, pouvons-nous encore ressentir le sentiment de solitude ? Au contraire, ces modes actuels de communication ne sont-ils pas une manière de masquer la confrontation avec soi-même, d’éviter de reconnaître les émotions qui nous traversent en les traduisant par des mots ? Peut-on l’associer à un état de dépression larvée, de mélancolie, d’angoisse ?

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Ce vers d’Alphonse De Lamartine traduit bien toute la détresse, l’abattement, l’indifférence au monde, l’abandon et le manque ressenti devant une rupture, une perte, un deuil. C’est  une épreuve longue et bouleversante dont le cheminement nous transforme et nous fait grandir.

On peut être entouré et cependant se sentir seul. Il y aurait donc la solitude subie, celle liée à la traversée d’un évènement douloureux et inéluctable et la solitude choisie, celle qui amène à penser, créer, se centrer sur soi-même, se ressourcer ?

Par conséquent, la solitude n’est pas que souffrance. Elle peut aussi être un chemin qui mène à la connaissance de soi et à l’émergence de sa propre créativité. Pour Françoise Dolto, la solitude est une « amie inestimable, ennemie mortelle.. Elle nous pousse à atteindre nos limites, à les dépasser ».